mardi 12 mars 2013


La mer et les poissons


Notre brave Moussette réparée, nous avons enfin repris la route, direction la cote, les vagues et les embruns salés qui floutent le pare brise! Nous faisons une brève halte à Canberra, la fameuse capitale australienne. Cette ville a été entièrement édifiée dans les années 1920 (hé oui, juste avant c'était une vallée déserte), pour couper la poire en deux entre Sydney et Melbourne qui se disputaient le titre. La ville est très stylée vu du ciel, puisque  entièrement conçue par des architectes. Sur le plancher des vaches, c'est une toute autre affaire - pour les bigoudens que nous sommes - tous les bâtiments sont éloignés les uns des autres, aucun charme, aucune intimité, pas de perspectives... Bref, ne nous y attardons pas, rejoignons vite la mer, à seulement deux heures de route vers l'Est!
le plan de la ville dessiné par Griffin en 1912



La cote au Nord de Bateman's Bay est tout simplement magnifique : des paysages vallonnés voire presque montagneux, recouverts par une végétation verdoyante, qui bordent un front de mer où les plages au sable blanc alternent avec des pointes rocheuses et de petites falaises. Nous profitons d'une fin de houle pour surfer quelques jolies petites vagues dans une eau agréablement bonne. Les animaux sauvages sont encore au rendez-vous, les kangourous investissent le moindre mètre carré de pelouse (jardins, bas cotés, prés, campings... pas besoin de tondeuse), les "dragons" - sortes de lézards aussi grands qu'un bonhomme - semblent sortis tout droit de la préhistoire, les dauphins longent les plages pendant notre petit déj', et des poissons... 

Annabel au roller

La houle s'amortit malheureusement, et nous n'avons plus de quoi surfer. Le bon coté des choses, c'est que les innombrables pointes rocheuses sont désormais faciles d'accès. Nous commençons a North Durras, par une petite session au coucher de soleil. Alors qu'Annabel se fait harceler par les seiches, Fanch sort un "whiting". C'est toujours marrant de tromper la méfiance d'un poisson australien avec un leur conçu à Plonéour-Lanvern : le "Black Minnow" de Fiiish! Mais la nuit tombe vite, et il est déjà temps de regagner notre Moussette.



La session de pêche suivante se passe au Sud de Bawley Point. Une pointe qui borde la superbe plage de Pretty Beach, avec une vague qui déferle à son extrémité à ras la caillasse, ça mérite bien quelques lancers à la descendante, en prospectant bien l'écume.



Fanch anime un "popper", un leurre qui, ramené très vite à la surface, produit de grosses gerbes d'eau, et déclenche des réflexes d'agressivité exacerbés de la part des poissons prédateurs. Et ca marche! Dés le premier lancer, l'attaque est fulgurante, le poisson part comme une fusée vers le large. Fanch est hilare, mais c'est quoi ce fish?! L'eau est si limpide que nous apercevons bientôt un banc d'une centaine de poissons nageant en rang serrés - mais pas dans le genre boule de sardine qui se fait dégommer par les plus gros - plutôt dans le genre on est des balaises, on va vite, et on chasse en meute géante! Le poisson continue à prendre du fil dans de gros rushs qui font hurler le frein du moulinet, sonde le fond, puis se dirige comme une flèche vers la surface, avant de faire un bond à 50 cm hors de l'eau. Après quelques minutes, le  poisson est extirpé de son élément, il s'agit d'un "Australian Salmon" de 53 cm, estimé à 2.5 kg (petit mais costaud !), plus proche de la bonite et du thon que du saumon atlantique, mais c'est une autre histoire. C'est ensuite au tour d'Annabel d’être pendue a l'une de ces machines pélagiques, qui réussira à se décrocher après quelques chandelles (sauts) mémorables. S'en suivront d'autres décrochages, on a affaire à de petits malins qui ne se rendent pas facilement!



Nous retentons de pécher sur un spot différent, mais présentant à peu près la même configuration. Il s'agit de la pointe de Tabourie Lake, sorte de petite presqu'ile séparée du bord à marée haute.



L'endroit est magnifique et bien protégé du vent, nous décidons de prospecter une zone juste au-dessus d'un tombant de 3-4 m, léchée par un petit courant. Fanch lance un "Fins Fish" avec sa canne "light", anime son leurre quelques secondes avant de se prendre une violente châtaigne. Non ce n'est pas du 220 volts mais un fish bien énervé qui prend du fil sans grande difficulté. Le verdict tombe après quelques minutes de combat, il s'agit d'un salmon de 43 cm, ça commence bien!



Fanch accroche malheureusement son leurre à quelques mètres du bord, hésite à plonger pour le récupérer, mais n'y va pas, pas serein avec le ressac... Et puis il faut dire qu'Annabel a vu comme une tache claire... Tant pis, un leurre de moins. C'est mieux comme ça, la tache grise claire est en fait un requin qui nage tranquillement au-dessus fond, juste à nos pieds. On distingue nettement sa tête massive, sa queue, et sa taille, qui doit avoisiner les deux mètres. C'est donc en compagnie d'un squale que nous allons poursuivre notre partie de pêche! La surface de l'eau commence à s'agiter sérieusement autour de nous, on distingue trois bancs de poissons qui évoluent en surface en frémissant, à une cinquantaine de mètres. Il s'agit de whitings et de maquereaux, ils se font harceler par un banc d'une centaine d'australian salmon à 1.50m sous la surface. Juste au dessus du fond, le requin patrouille tranquillement, bientôt rejoint par des raies d'envergure comparable.



 Mais ce n'est pas tout! Annabel lance son leurre "Black Minnow" et se retrouve très vite attelée à un poisson sérieux... la canne plie, le frein crisse, le fil part, le poisson saute... c'est un magnifique Salmon! 


 
Le brave poisson ne compte pas se rendre et devient furieux lorsqu'on l'approche de nous, peut-être que le requin qui rode dans le parage et qui fait mine de le suivre pendant quelques secondes y est pour quelque chose ? Entre euphorie et terreur, Annabel sort finalement un magnifique salmon de 55 cm. 




C'est avec le bras tétanisé par le précédent combat et les jambes flageolantes avec l'adrénaline qu'Annabel pêche un autre salmon de taille identique. La frénésie ambiante se calme peu à peu, et il est temps de regagner la plage avant que la marée n'isole l'ile pour de bon. Cette scène de pêche ressemblait plutôt à un spectacle à sensations, vivement la prochaine!   



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